Je ne respire pas quand je dessine, j'attends la rencontre sans regarder ma feuille. La ligne errante, aveugle,
commence sa course par le regard. La ligne chemine, elle irradie, se dilate, trébuche et repart affolée, pour s'arrêter, inquiète, après sa trajectoire.
Une sorte de lacet est là qui se trame, faisant apparaître des formes qui s'enchaînent.
Si par hasard je m'arrête pendant ce travail je ne vois plus rien. Je dessine toujours en tension. Je m'empare de fragments. Ensuite je dois faire une toile,
retrouver l'émotion et mettre ces fragments dans un espace. Je suis devenue incapable de faire une peinture sans un dessin qui prépare l'émotion.
Judicaël - 1995