Je commence par le casque qui doit envelopper, protéger et dissimule la face par du métal,
sorte de masque.
Chargé de pouvoirs magiques, il précipite le visage dans un inquiétant anonymat, comme le casque de Hadès,
le seigneur des morts le rendant invisible, il conjure la mort.
Le casque à volutes sert de couronne parfois des feuilles grimpent et fleurissent, des boules et des crosses vont éclore, parfois menaçantes
se hérissent, elles éclatent et s'épanchent. Des bandeaux entourent, des bandelettes compressent le visage puis s'effilochent et s'étirent.
La bouche muette parfois s'articule pour un dernier cri. Le visage barré sous la résille où le loup noir se cache, un arc va s'imposer pour le
repos éternel, tout semble apaisé dans le silence.
L'armure a volé en éclats. Le cheval doit accompagner le cavalier. Il est inquiet, soumis pour sa dernière course,
dernière étreinte pour soulager. Il pose dans le chagrin crispé, la crinière hirsute, la patte se soulève pour la révérence. Il va disparaître
après la fusion.
Le cheval psychopompe de Bartolomeo Colleoni conduit l'âme du défunt à sa dernière demeure.
Le sépia, couleur brune a retrouvé le pinceau, proche du dessin, elle se rappelle de la gravure pour gonfler le trait mais refuse l'épaisseur.
Parfois un bleu royal en bâtonnets colore le grand vide.
Monteverdi est la musique choisie, l'orgue tonne pour cette suite funèbre. Claudio au XVIIème siècle, dans une foi mariale
conjure une épidémie de peste pour l'église votive de la Salute à Venise. Le cantique des cantiques développe une musique écartelée
entre sentiment humain et amour divin.
Judicaël - 2015