Comment actualiser les prophètes, sculptures du XVIIème siècle juchés au bord de la coupole de la Basilique
Santa Maria della Salute à Venise.
A partir de dessins maladroits au raccourci difficile, la peinture, un pinceau gorgé de sépia s’enfonce dans une nuit pour une vision
spectrale – les personnages affublés de leur cartouche illisible se dressent chahutés à l’équilibre précaire et revendiquent une place dans ce monde aveugle.
Ils dégringolent enveloppés de plissés, emmaillotés de bandelettes : la camisole, et témoignent.
La confusion s’abolit dans la répétition. Un certain fantastique naît de la rupture d’échelle – les têtes souvent trop grosses se
greffent sur des plissés en cascade, les mains absentes se devinent, sans pieds ils sont aériens et parfois dansent.
Alors on navigue dans cet univers : la méduse dévorante, Cronos et tous les êtres de ce crépuscule qui habitent le pays de l’enfance et accompagnent hélas
notre actualité.
Il faut les affronter et construire un piège comme les araignées pour les attraper. On les aplatit enfin sur le papier comme des fleurs d’herbier. Ils sont
là comme des taches noires de Rorschach après l’envoûtement c’est le repos.