Le vent souffle par rafales et m’oblige à m’arc-bouter à ma feuille. Mon regard ne s’élève plus vers une fenêtre
mais plonge à la recherche de ces épaves échouées.
Un bateau est ouvert, sa coque fissurée, son ventre béant, les deux yeux de la cabine inclinée me regardent. La lumière très forte traverse
ces bateaux pour une expérience de lévitation mais souvent la vase les enlise et les engloutit peu à peu. Sur cette vasière,
les squelettes de bateaux culbutés proposent une danse macabre animée par les mouettes et leur cri.
Judicaël - Aoùt 2011
Cette construction en bois, monument en péril, brave la mer par son avancée héroïque.
Les pêcheurs l’habitent pour y jeter leur filet, les badauds s’y rassemblent pour vénérer l’ouvert sur cet autel portatif.
La structure s’élève bâtie par la plume d’oie nourrie de sépia et renforcée au pinceau de gris de Payne tandis que les pèlerins, simples silhouettes
fantomales semblent rejoindre le monde de Goya.
Judicaël - Aoùt 2011
La fenêtre montrée clame l'admirable tremblement du temps. Les vitres se sont opacifiées pour plus
de secret offrant leur silence. La traverse dormante soutient les vantaux en équilibre; des reflets couverts d'ombre cachent l'oubli.
La sépia enveloppe cette baie blessée, tremblante, ponctuée par le bistre rosé : il faut tout pétrifier pour durer.
La porte comme la fenêtre est un seuil, un objet anthropomorphe proche du visage.