Muscle floral, qui ouvre peu à peu
l’anémone au matin prairial,jusqu’à ce
que la lumière polyphone
des cieux musiciens s’épande dans son sein;
tendu dans la paix de la fleur-étoile,
ô muscle du recevoir infini,
accablé tellement parfois de plénitude,
que c’est tout juste si le signe du couchant
peut ramener à toi le bord de tes pétales
jetés en large épanouissement :
toi, vouloir et vertu de mondes, oh ! combien !
nous durons plus longtemps, nous autres, les violents.
Mais quand donc, et dans quelle existence entre toutes,
ouverts enfin le sommes-nous, et recevants ?
Les sonnets à Orphée - Rilke